Dans La Gloire du vaurien,
roman aussi sublime qu’inclassable, René Ehni mettait en parallèle
le beau regard myope de Françoise Christophe, disparue il y a
quelques jours dans sa 89ème année, avec ceux de
Marilyn Monroe et de James Dean, ce qui est un beau compliment en
soi. On regrettera le maigre parti que six ou sept décennies
ininterrompues de cinéma français auront au final tiré – ou
plutôt non tiré – de l’actrice, prototype de la comédienne
brillante ayant, sa carrière durant, oscillé entre la tête
d’affiche de séries B vite oubliées et les grands seconds rôles
impeccablement alignés dans une dizaine de productions à gros
budget, pour mieux se rappeler, une à une, la Sonia azimutée de Fantômas (Jean Sacha, 1946), la Galswinthe dolente de Mademoiselle
de La Ferté (Roger Dallier et Georges Lacombe, 1949), la Judith
amoureuse de Nez de Cuir, gentilhomme d’amour (Yves Allégret, 1951),
l’Alberte souffreteuse des Amours
finissent à l’aube (Henri Calef, 1952), la Blanche humiliée
de La Rue des Bouches-Peintes (Robert Vernay, 1955), la Jacqueline
sensible des Grandes Familles
(Denys de La Patellière, 1958), l’infirmière paniquée du Testament d’Orphée (Jean Cocteau, 1959), l’Anne d’Autriche hiératique
des Trois Mousquetaires
(Bernard Borderie, 1961), la duchesse primesautière du Roi de cœur (Philippe de Broca, id.), la Dorothy charmeuse de Fantômas
contre Scotland Yard (André Hunebelle, 1966), la Chabannes
inquiétante de Caroline Chérie (Denys de La Patellière, 1967) et la Simone
Escarguel coquette de Borsalino
(Jacques Deray, 1969). La maturité durablement installée, Françoise
Christophe avait su bifurquer avec à-propos vers les compositions
plus âpres (Les Pyramides
bleues, Arielle Dombasle, 1987) ou plus cocasses (Les
Amies de ma femme, Didier Van Cauwelaert, 1992), sans jamais
totalement se départir de cette classe innée qui était un peu,
depuis ses lointains débuts, sa marque de fabrique…
Les
nostalgiques des heures de glorieuses de la RTF reverront, par la
pensée – par le DVD pour les plus heureux – la délicieuse
Roxane de Cyrano de Bergerac
réinventé pour la télévision par Claude Barma (1960) ou la
torturée Marie Tudor du drame hugolien éponyme transposé au petit
écran par Abel Gance (1965), les plus jeunes feront (ou non) le
lien entre la so chic lady
écossaise adultère et duplice du troisième et dernier volet de la
saga Fantômas-Hunebelle et la caustique – et un peu castratrice
– matriarche façon Deschiens du module télé Chez
Maman, et ceux, dont les principaux rédacteurs de L’@ide-Mémoire
font largement partie, qui ont beaucoup admiré Françoise
Christophe de son vivant se diront que, décidément, cette année
2012 qui s’annonce on ne peut plus chargée à tous points de vue
(basculement - ou pas – de la France à gauche en mai prochain,
printemps russe hypothétique, incertitude sur les nom et qualités
du prochain président étasunien, fin du monde programmée quoi
qu’il en soit pour le 21 décembre) aurait pu commencer de façon
un peu moins déprimante…
|
LIENS
VIDÉO
:
www.dailymotion.com/video/x2agh3_daniel-sorano-cyrano-de-bergerac_creation#rel-page-3
(Cyrano de Bergerac, Claude
Barma, 1960, avec Daniel Sorano et Michel Le Royer : scène du
balcon).
www.dailymotion.com/video/xew9kx_scen-finale-cyrano-sorano-1960_creation
(Cyrano de Bergerac, Claude
Barma, 1960, avec Daniel Sorano : fin du dernier acte).
www.youtube.com/watch?v=QtPdJj_RE5g
(Fantômas contre Scotland Yard,
André Hunebelle, 1966, avec Louis de Funès, Jean Marais, Jean-Roger
Caussimon, Jacques Dynam et Max Montavon).
www.youtube.com/watch?v=ioV2nwhBVyY
(Chez Maman : Les
Fonctionnaires).
www.youtube.com/watch?v=KmSD0jzqmLc (Chez
Maman : Les Strasbourgeois).
www.youtube.com/watch?v=VTafZE4NxdA&feature=related
(Chez Maman : Ségolène
Royal)
.
www.youtube.com/watch?v=VTafZE4NxdA&feature=related
(Chez Maman : J’ai invité
Le Pen à dîner demain).
www.youtube.com/watch?v=Z2pP32wYe7o&feature=related
(Chez Maman : J’ai été
élue Conne de France).
|